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Techniques d’exploration : débarquez à l’aube, les yeux pleins de sable, sur un obscur parking luxembourgeois. Retrouvez votre contact. Effectuez une longue marche d’approche jusqu’au pied de la centrale. Regardez, interloqué, votre guide du jour disparaître entre deux poutres incrustées dans le sol. Plongez à votre tour dans un souterrain improbable. Après vingt mètres de marche sur des tuyaux à l’équilibre précaire, débarquez dans le cœur de la centrale. Merci Shantideva !

Du haut du plateau, la ville de Luxembourg renvoie l’image d’un pays lisse et policé où la vie s’écoule paisiblement entre grosses cylindrées et banques au fronton de pierre et de verre. Le grouillement incessant des cols blancs entièrement asservis au service du grand capital offre finalement une vision quelque peu faussée de l’histoire du grand duché. Son cœur historique et humain est ailleurs, au sud, à l’ombre des hauts-fourneaux et des usines démesurées.

Au cours du 19ème siècle, le vent brûlant de la révolution industrielle embrasa l’Europe et vint souffler dans les profondes vallées luxembourgeoises. De ce souffle implacable jaillirent des constructions métalliques alambiquées dont le fracas allait bientôt saturer l’air de particules métalliques. L’acier ! La réaction eutectique du fer et du carbone qui changea le visage sociopolitique du Luxembourg.

Du sud de l’Europe, des milliers de travailleurs vinrent user leur vie dans ces méga-cathédrales métalliques dédiées au culte de la sainte industrie. Durant des décennies, ils remplirent les hauts-fourneaux et les centrales thermiques d’une activité débordante pleine de poussières et de sueur. Aujourd’hui, malgré le calme pesant qui règne au milieu de ces enchevêtrements de tuyaux, il flotte encore comme une atmosphère de Lisbonne ou du Piémont. De ces pays que ces hommes ont gardés en eux et que j’entraperçois dans le silence métallique de ce dimanche matin.

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