Techniques d’exploration : levez-vous aux aurores. Regardez les premiers
reflets du soleil illuminer le lac. Rentrez facilement dans la villa abandonnée.
Réalisez que ce n'est pas du tout celle que vous veniez voir ! Ressortez
quelque peu perplexe. Quelques demi-tours plus tard, débarquez devant
l'objet de votre visite. Traversez un véritable mur de ronces pour vous
faufiler à l'intérieur. Sortez comme une fleur par la porte.
Cette belle villa néo-gothique fut érigée en 1912 pour le compte d’Alfredo
Branca, patriarche d’une riche famille de vignerons. Jouissant d’une
situation imprenable au bord d’un splendide lac glaciaire, elle fut
agrandie par l’architecte Americano Marazzi en 1920.
Abandonnée en 1981 à la suite du décès d’Adèle Branca, la villa disparaît
chaque jour un peu plus, grignotée par l’avancée implacable d’une végétation
inquisitrice.
Une atmosphère étrange de décadence flotte au milieu du stuc qui s’effondre
des plafonds. De celle qui accompagne les fins de règne où des personnages,
usés par le plaisir, jouent encore à faire semblant au milieu d’orgies
extatiques. De celle où plus rien n’a d’importance, à l’exception du
style à maintenir pour monter vers l’échafaud.
Montant le majestueux escalier central, ces êtres promis à une fin
torturée, traînent leurs angoisses métaphysiques en direction des balcons.
Drapés dans un silence matinal et lumineux, élimés par une nuit en quête
de plaisirs jamais assouvis, les reflets du lac semblent leur renvoyer
leur fin inéluctable : au pied de la croix ou au bout du canon.