Techniques d’exploration : débarquez crasseux au possible dans le seul
hôtel du village. Passez une nuit quelque peu alcoolisée. Faites-vous
fusiller du regard par l'hôtelier au petit matin. Profitez du frais soleil
matinal pour cuver le champagne de la nuit. Rentrez par la porte (déchiquetée)
du sanatorium.
Le sanatorium Joseph Lemaire fut dessiné en 1933 pour la Société Coopérative
d’Assurances, "La Prévention Sociale", par un jeune architecte de 24 ans,
Maxime Brunfaut. Après 13 mois de construction (un record pour l’époque)
le sanatorium est inauguré en grande pompe le 30 septembre 1937. Construit
dans un style moderniste, il officia pendant de nombreuses années avant
d'être reconverti en centre de soins. Toutes les activités cessèrent en
1987 et le bâtiment fut vendu à la Société de Génie Civil Herpain qui
l'abandonna aussitôt.
Ce lieu est un des classiques de l'exploration urbaine ; des photos étant
disponibles sur des centaines de sites Internet. Immobile dans le beau
soleil printanier, je me pose alors la question de savoir si, moi aussi,
je dois prendre des photos de ce bâtiment. Quel intérêt de participer
à cette débauche d'images qui envahit ce monde qui s'effiloche petit à
petit ? Finalement, je pense à Rainer Maria Rilke et à la seule question
valable, toute personnelle, sur mon besoin de photographier ces épaves
décadantes. Le résultat de la traversée de ces couloirs sans fin est là,
mais je ne peux que vous encourager à aller vous-même visiter ce lieu
calme et énigmatique.