Techniques d’exploration : Prenez un soi-disant TGV qui n’en finit plus de se traîner au milieu des vallées alpines. Regardez la neige qui recouvre les beaux sommets des Alpes. Passez une courte nuit avant d’errer, perplexe, au milieu d’une de ces zones industrielles dégueulasses qui seront bientôt le seul patrimoine architectural européen. Repérez un toit écroulé. Passez un petit portail. Traversez une véritable forêt avant de venir saluer le Majordome, but de votre visite.
1630, alors que l’Europe a sombré dans une nouvelle guerre politico-religieuse depuis plus d’une décennie, les armées allemandes et françaises envahissent le nord de l’Italie. Dans leurs paquetages, elles ramènent un visiteur indésirable, Yersinia pestis…la peste ! Ce fléau va frapper l’Italie de plein fouet, tuant plus d’un million d’habitants sur les quatre que compte le nord de la péninsule.
Pourtant, malgré ces temps obscurs à l’humeur bubonique, les affaires continuent pour la maison de Savoie. Fransceco Napione, maréchal des cuirassés au service de sa majesté Emanuele Filiberto de Savoie –prince sourd et muet de Carignano–, fait construire les premières dépendances de la villa actuelle. Elle doit son nom à son fils, Valeriano Napione, à l’époque majordome du prince de Carigano.
Après de nombreuses modifications, elle acquiert son architecture actuelle au 18ème siècle. Avant son abandon complet, elle fut la propriété du comte Revelli de Beaumont, célèbre designer de voiture au sein de la manufacture Pininfarina.
Deux visites dans ce majordome vermoulu permettent de croiser du beau monde finalement. Ces murs ne résisteront sans doute pas longtemps devant la folie immobilière où l’histoire n’a pas sa place. Pourtant, ce terrain de jeu semblait convenir à quelques photographes ainsi qu’à un chat pouilleux qui aurait bien visité Paris pour les vacances.
