-123--contactlienspressenouveautés --
 

Techniques d'exploration : Repartez pour l'un de ces week-ends improbables à grimper des barrières, ramper sous des grillages et se glisser dans des anfractuosités. Traversez le marché dominical d'une paisible bourgade sous les regards suspicieux des notables locaux. Faites-vous oublier quelque temps à l'ombre d'une ripisylve. Repartez comme une ombre pour traverser les quelques dizaines de mètres qui vous séparent de votre objectif du jour.

De mes errances estudiantines ne me restent aujourd'hui que des souvenirs doux-amers pour le principe archéologique. Pourtant, ce jour-là plus que tout autre, il me fallut revêtir les habits terreux et tenter d'atteindre la patience infinie des médiévistes caressant le sol à la recherche d'un indice. Dans le calme ensoleillé de ce dimanche matin, l'approche du manoir à travers un fatras de végétation se déroula comme dans un rêve hors du temps. Le clic de la porte que je refermai derrière moi me ramena à une réalité tout autre, figée dans une époque révolue dont les protagonistes se seraient évaporés sans laisser d'adresse.

De cet intérieur, à l'odeur âcre de naphtaline, se dégage une histoire aussi extraordinaire que terriblement banale. De ces histoires qui nous font tressaillir le temps d'une pensée mais que nous réfutons aussitôt avec aplomb, tant l'idée que nos existences puissent sombrer dans l'oubli nous paraît incongrue et insupportable. Pourtant, nul doute que les âmes perdues du manoir des Charmilles n'auraient jamais imaginé que leur existence puisse devenir aussi insignifiante.

Marquée du sceau de l'oubli, leur trace s'époumone à rester à la surface pour revendiquer haut et fort : nous vécûmes. Il en est ainsi des personnes comme des empires qui devaient durer mille ans. Mais le temps, implacable, joue à contrecarrer nos ambitions d'éternité et des décombres ne reste finalement aujourd'hui qu'un quotidien déjà partiellement enfoui. Dès lors, seules les caresses archéologiques pourront exhumer de l'oubli ces résidus et venir raconter, à qui voudra bien l'entendre, les histoires de ces mondes oubliés.
galeries-