Techniques d’exploration : levez-vous aux aurores. Frissonnez dans la fraîcheur de ce matin d'automne. Encore mal réveillé, escaladez une barrière inamicale. Traversez la rivière. Entrez dans l'imposant bâtiment où règne un calme absolu. Passez la journée à déambuler dans ces nombreux bâtiments. Tentez d'avoir une conversation cohérente avec un ancien ouvrier - quelque peu imbibé - plongé dans ses souvenirs d'un temps aujourd'hui révolu.
Blanchisserie est à prendre au sens ancien d’usine de blanchiment et de teinture de fils et de tissus.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la blanchisserie de la mouche est étroitement liée à la révolution espagnole de septembre 1868 qui obligea la reine Isabelle II à quitter son trône et s’exiler à Paris. Une crise politico-populiste majeure s’ensuivit, comme seule l’Europe semble capable d’en créer. Un télégramme discourtois du chancelier prussien van Bismarck enflamma l’opinion française qui céda à cette étrange manie récurrente des foules -enivrées par l’odeur du sang et de la poudre à canon- de réclamer la guerre.
Le 19 juillet 1870, la France déclara la guerre à la Prusse. 6 mois plus tard, balayée, écrasée, l’armée française impériale de Napoléon III capitula. Le sang de la Commune n’y changera rien, la France perdit l’Alsace et la Moselle, annexées par le deuxième Reich allemand créé sur les cendres encore fumantes des champs de batailles.
Afin de compenser la perte des usines textiles très présentes en Alsace, la troisième république décida la création de nouvelles blanchisseries. La blanchisserie de la mouche en est un exemple caractéristique. Après un développement rapide et des décennies de prospérité, la mouche fut frappée de plein fouet par la perte des colonies asiatiques françaises qui représentaient son principal débouché. Sa longue agonie commença. Née de la guerre, la mouche ne résista pas à celles de décolonisation. La boucle était bouclée. L’abandon et son esthétisme si particulier pouvaient s’abattre sur les lieux.