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A la mémoire de ceux et celles qui, des quatre points cardinaux, vinrent user leur âme et leur vie à creuser la géologie fertile de la vieille Europe. A ces hommes aux gueules tellement noircies, que lorsqu’ils sortaient de Terre en cohorte charbonneuse nous ne pouvions plus nous détacher de la contemplation de leurs yeux, miroirs des entrailles carbonifères héritées d’une forêt aux arbres géants.

A ceux et celles dont l’Histoire, cette garce secondée par ses tristes sbires fossoyeurs de leur propre humanité, semble prendre un malin plaisir à vouloir effacer jusqu’aux traces les plus insignifiantes de leur existence.

De cette multitude de destins ne restent aujourd’hui que des numéros dans des bâtiments silencieux. Des bâtiments que nous voudrions effacer du paysage, que pour beaucoup nous ne voyons déjà plus et qui sombrent dans une indifférence, au mieux polie, au pire pleine d’un mépris crasseux et ignare.

Comme si le fait de se souvenir de la culture ouvrière et de son histoire relevait d’une quelconque maladie honteuse. Pourtant, des luttes du Forez à celles du Yorkshire, ils laissèrent à quelques-uns d’entre nous le goût de l’action et du combat. En héritage, ils nous ont transmis surtout une histoire collective, ce trésor inestimable qui fait le ciment de nos sociétés.

Dans ces lieux silencieux qui dégoulinent d’humanité, le vent résonne de mille histoires, de l’Algarve ou du djebel, qui sont les gardiens uniques de notre mémoire. La mémoire de nos pères.

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