Que faire un samedi ensoleillé? Rester à Paris pour passer le week-end
perdu dans la foule anonyme? Bof... Allez à Nancy? Il y a des réalités
que je n'ai jamais su affronter. Finalement, la tannerie semble adéquate
pour passer une bonne journée, seul, à explorer le passé. Le mien, le
sien, le nôtre, le leur...
La tannerie Schotte a utilisé dès ses débuts une méthode révolutionnaire
du tannage du cuir par le chrome. Cette technique, bien plus rapide que
le tannage végétal, permet d'obtenir des cuirs plus souples, adaptés à
la fabrication de sacs. Un tel procédé s'est avéré être un désastre environnemental
et l'usine n'a cessé de polluer la rivière Dendre durant toute son activité.
A la suite d'un mystérieux accident (ou suicide, les évennements ne sont
pas très clairs), la tannerie s'est déclarée en banqueroute en 1998. La
suite est d'un classissime à pleurer : combat syndical d'hommes et de
femmes accrochés à leur outil de travail. Combat sans espoir... forcément.
Licenciement des ouvriers sans reclassement. Disparition des patrons dans
la nature (polluée).
Une balade dans la tannerie ne vous offre que des pièces vides, le son
de vos pas en étant démultiplié. Peu de détails accrochent votre regard.
Heureusement que les oiseaux sont là... mais la vie reprend le dessus
dans certains endroits.
Des fougères d'un vert douteux sortent du sol
pollué. Malgré le vide et l'abandon, la vie s'adapte et évolue. Comme
l'être humain. Un frisson me prend alors que je termine la visite. Explorer
le passé c'est parfois jouer aux osselets avec vos propre os. Il est temps
que je sorte, j'ai besoin de voir des gens...