Quel rapport peut-il exister entre l’ordre des Templiers et ces fermes perdues dans le brouillard de la campagne française ? Est-ce que le pape Clément V, pressé par le roi de France Philippe IV le Bel, se doutait que, lorsqu’il fulmina, le 22 mars 1312, la bulle Vox in excelso qui interdit l’ordre des Templiers, des agriculteurs perpétueraient encore cette tradition quelques siècles plus tard ?

Difficile de le croire malgré la légende tenace qui entoure les Templiers. Pourtant, les blasons de l’ordre sont encore fièrement accrochés à cette étrange tour centrale et semblent narguer rois, papes et autres personnages qui décidèrent de sa disparition.

Difficile de savoir à quelle époque cette ferme templière fut établie à l’écart de ce petit village français. Un temple de l’ordre y est attesté vers la fin du 13ème siècle mais les corps de ferme sont nettement plus récents. Il semblerait que les agriculteurs qui édifièrent ces lieux, sur le principe des commanderies templières, voulurent perpétuer une tradition vieille d’un millénaire. Les temples religieux et militaires de l’ordre étaient généralement associés à des commanderies constituées d’une maison-mère et de maisons annexes.

Isolés du reste du monde, quelle vie pouvait bien mener ces hommes et ces femmes attachés aux Templiers depuis longtemps disparus ? Les maisons annexes sont pour la plupart vides, mais la maison-mère regorge de détails qui ne montrent qu'une infime partie de ce que pouvait être leur quotidien. Le piano désaccordé me renvoie un son enroué quand j’effleure ses touches. Le silence qui règne est propice à la rêverie. En regardant par la fenêtre, j’ai presque l’impression de voir des haridelles fourbues labourer la terre de ces mystérieux agriculteurs templiers.