Technique d’exploration : recevez de bonnes adresses de votre réseau
(merci D.). Regardez filer le paysage supersonique depuis la fenêtre du
train. Débarquez dans des contrées improbables sous un ciel noir d’orages
à venir. Après une nuit arrosée à danser avec des serpents géants, ouvrez
la lourde porte du couvent et faites pénitence dans le calme du bâtiment.
Que l’on soit croyant ou non, c’est toujours un moment particulier que
de rentrer à l’intérieur d’un lieu consacré. Imaginez dès lors que celui-ci
soit abandonné des hommes, certains continueraient d’y voir la présence
de l’Eternel. Pour ma part, malgré ma défiance envers la clique catholique,
plus que des signes mystiques, c’est l’histoire de ces femmes qui dévouèrent
leur vie à Dieu que je viens chercher. C’est sur la pointe des pieds que
je rentre dans le couvent de la visitation.
Le lieu est calme, rempli de ces silences assourdissants qui vous prennent
aux tripes. C’est ici que des femmes avaient décidé de vivre et de prier
en communauté. Une vie, des vies. Un assemblage d’existences anonymes
consacrées à purger leur âme du péché originel. Une vie faite de silence
et de renoncement afin d’atteindre la paix éternelle auprès d’un hypothétique
sauveur. Ce concept un peu fou m’échappe totalement, mais j’aime le silence
qui règne ici. Après tout, le silence, comme la folie, n’existe que par
comparaison (Jacques Yonnet).
Une lumière douce filtre par les fenêtres et illumine les pièces aux
murs épais. Si Dieu est lumière, Il fait bien son boulot. Cela dit, il
vaudrait mieux que la lumière soit l’ombre de Dieu (Titi Robin). Peut-être
qu’alors, je retournerai dans ces lieux pour chercher autre chose que
ces photos transfigurant l’abandon. En attendant, je referme sans bruit
la porte derrière moi et repars avec tous mes doutes bien ancrés au fond
de ma tête.