Techniques d’exploration : perdez-vous dans la belle forêt des Ardennes
belges. Tombez nez à nez sur ce fantastique château oublié. Faites-vous
expulser par le chatelain blasé au bout d’à peine une heure d’exploration.
Revenez cinq mois plus tard. Evitez les chasseurs en transe qui canardent
des centaines de faisans apprivoisés. Appréciez la vue depuis le donjon
central.
La vie devait être agréable au 18ème siècle dans les Ardennes belges
pour la famille du comte Liedekerke-Beaufort, entre parties de chasse
et réceptions dans le château familial de Vèves. Malheureusement, le souffle
brûlant de la révolution française arriva jusqu’en Belgique et contraint
la famille à quitter ce château pour se réfugier dans une ferme perdue
dans les bois à proximité du village de Celles. Comme souvent, l’ardeur
révolutionnaire tend à s’embourgeoiser avec le temps et bientôt, Robespierre
et consorts oublièrent le comte et ses titres de noblesse.
Ragaillardis, les descendants du conte demandèrent en 1866 à l’architecte
anglais Milner de transformer la modeste ferme en un château pour les
garden-parties estivales de la famille. Les travaux se déroulèrent sur
plusieurs décennies et c’est l’architecte français Pelchner qui fit ériger
la tour centrale en 1903 et posa la dernière pierre au cours de l’année
1907. Dès lors, la famille Liedekerke-Beaufort utilisa le château de Noisy
comme résidence d’été.
Occupé brièvement par les troupes allemandes durant la seconde guerre
mondiale, le château de Noisy fut reconverti en 1950 en colonie d’été
pour les enfants du personnel des chemins de fer belges. 200 enfants pouvaient
profiter des salles surnuméraires et du calme des lieux. Le coût d’entretien
faramineux d’un tel édifice commença à poser des problèmes à la suite
du premier choc pétrolier. Après diverses tentatives de reprise, le château
fut fermé au cours de l’année 1991…fermé est un bien grand mot, la porte
étant grande ouverte…
Même si le château paraît encore aujourd’hui pouvoir résister aux outrages
du temps, l’infiltration d’eau grignote petit à petit la structure intérieure.
La traversée des couloirs des étages se fait les dents serrées en sautant
de poutre en poutre, le plancher s’étant écroulé depuis belle lurette.
L’arrivée au sommet en vaut cependant la peine, les Ardennes belges déroulant
leurs forêts à perte de vue et enrobant le château voisin de Vèves. Six
heures d’exploration plus tard, il est temps de quitter les lieux, entourés
par le vol des faisans hallucinés.